Santé
[Extrait] Être médecin étranger en Italie, pays gouverné par l’extrême droite.
Durant l’enquête sur scène « Ces médecins méditerranéens à la rescousse des hôpitaux français », la sociologue Francesca Sirna a fait un point sur la situation des médecins internationaux en Italie, dirigée par l’extrême droite.
Quelques jours avant l’enquête sur scène « Ces médecins méditerranéens à la rescousse des hôpitaux français », le paysage politique français a été bouleversé avec le résultat des élections européennes, la menace de l’extrême-droite et la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin. Quelle place pour les médecins internationaux si l’extrême droite obtient l’exercice du pouvoir en France ? Quelle autre situation en Europe ?
Face à cette actualité, les journalistes Leïla Beratto et Coline Charbonnier ont dû s’adapter. Lors de l’entretien avec Francesca Sirna, sociologue spécialiste des migrations, elles l’ont interrogée sur la situation des médecins étrangers dans le pays voisin, l’Italie, aux mains de l’extrême-droite depuis 2022, avec Giorgia Meloni ( Fratelli d’Italia) comme présidente du conseil des ministres.
Transcription de l’entretien
Leïla Beratto : Francesca Sirna, vous êtes aussi italienne et vous avez travaillé sur le système de santé italien, qui lui aussi repose sur des médecins étrangers. Est-ce que l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir en Italie a eu un impact sur le système de santé ?
Francesca Sirna : Oui, alors Giorgia Meloni avait promis de redonner du souffle à l’hôpital. Depuis son arrivée, il y a 25 000 lits qui ont fermé. Il n’y a pas eu de financement à la hauteur de ce qui avait été prévu.
Les salaires ne sont pas revalorisés. Il y a une fuite de cerveaux aussi en Italie. Donc les médecins, les infirmiers et infirmières partent d’Italie pour aller travailler aussi en France.
Dernièrement, on a des missions d’intérim longue distance. Ce sont des médecins cubains qui viennent soigner dans les hôpitaux du sud de l’Italie.
La santé en Italie est régionalisée, mais vraiment. On a les Agences régionales de santé (ARS) comme ici aussi, mais les politiques de santé sont très régionalisées. Ce n’est pas une politique nationale. Chaque région décide du budget, des politiques locales de santé. Le sud, comme pour le reste, est moins favorisé que le nord. Et les déserts médicaux sont présents dans le sud de l’Italie. Donc, on fait venir des médecins cubains trois mois. Ce sont des accords entre États donc les médecins sont payés avec leur salaire cubain qui est versé de l’État italien à l’État cubain.
Ils exercent pendant trois mois et ils repartent. En Sicile, dernièrement, dans un hôpital d’une petite ville au centre de la Sicile, il y a un service d’orthopédie qui a fermé parce qu’il n’y a pas assez de chirurgiens, et on attend les chirurgiens argentins.
Voir l’intégralité de l’enquête sur scène ici.