Santé

Déserts médicaux, le financement des études de médecine en question

Alors que de plus en plus de services d’urgences ferment, le financement des études de médecine est au coeur des débats politiques.

Publié le 27 Juin 2024

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Dernière mise à jour le  27 Juin 2024  à  17h07.

Un panneau de signalisation d'urgences médicales 24 heures sur 24 en zone rurale. Crédit : Shocky/Adobe Stock
Un panneau de signalisation d'urgences médicales 24 heures sur 24 en zone rurale. Crédit : Shocky/Adobe Stock

Mercredi 22 mai, le site de France bleu en Provence-Alpes-Côte d’Azur publie une information qui pourrait passer inaperçue : dès le lendemain les urgences de Pertuis vont fermer la nuit jusqu’au matin à 8h30. 

Quelques mois plus tôt, une autre annonce a été publiée qui fait écho à cette situation : l’Agence Régionale de Santé (ARS) a décidé de mener un audit dans six services d’urgence de la région, dont ceux de Pertuis. Loïc Souriau, le directeur de l’ARS du Vaucluse, souligne des problèmes récurrents dans les services d’urgence. La population ne sait jamais si les urgences seront ouvertes normalement, partiellement ou fermées.  

Une infirmière des urgences rencontrée à Pertuis, qui souhaite rester anonyme, raconte que l’hôpital est à flux tendu en termes d’effectifs. Alors, quand les arrêts maladie se prolongent, personne ne peut prendre le relais. 

Dans le département voisin des Alpes-de-Haute-Provence (04), les urgences de Manosque sont aussi touchées par des fermetures régulières, la nuit. Un audit a été réalisé en début d’année 2024. Bien que ce centre enregistre plus de 29 000 passages annuels au sein de ses urgences, il reste difficile de maintenir une offre permanente de soins urgents depuis début 2022. D’autant plus que, la pression s’est accrue en 2023, avec une suspension de l’offre toutes les nuits et certaines journées. 

Ne plus financer les études de certains internes

L’une des pistes pour permettre aux services d’urgences de rester ouvert est de recruter parfois des médecins étrangers hors de l’Union Européenne. Ils sont déjà nombreux à être affectés chaque année dans les hôpitaux de zones rurales ou péri-urbaines à l’issue des Examens de Vérifications des Connaissances (EVC). Malgré les besoins, et du fait des législations changeantes, certains ont pourtant été visés ces derniers mois par des Obligations de quitter le territoire.

Lire aussi : « Un médecin tunisien du Gard expulsé, en dépit du soutien de l’hôpital »

Dernière annonce en date du gouvernement pour répondre aux enjeux des déserts médicaux : ne plus financer les études des internes qui ne s’installent pas dans des déserts médicaux ou ne s’orientent pas vers une spécialité difficile, comme l’expliquait Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, sur France Inter le 16 juin.

Cette annonce n’a pas manqué de faire réagir les représentants de la profession, car les médecins financent déjà en partie leurs études à travers l’internat. « Les internes de médecine gagnent 6 euros de l’heure et 70 % dépassent le plafond hebdomadaire légal de 48 heures. Coût de la formation : 104 000 euros. Ils apportent 121 000 euros. Ils sont les seuls étudiants à rapporter de l’argent à l’État », défend l’Intersyndicale nationale des internes (Isni). Parmi les autres points pour inciter à l’installation dans des zones sous-dotées, une disposition favorisant l’arrivée de médecins existe déjà depuis la loi du 21 juillet 2019 via le Contrat d’engagement de service public. Pour le moment, il n’existe pas d’études sur les effets de cette loi. 

Coline Charbonnier et Leïla Beratto

Voir l’enquête sur scène : « Ces médecins méditerranéens à la rescousse des hôpitaux français ».


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