Féminicides conjugaux

L’enquête “Des armes hors de contrôle” en intégralité

Sur scène le 6 février, les journalistes Fanny Marlier et Laurène Daycard racontent leur enquête sur les armes à feu utilisées dans des affaires de féminicides.

Publié le 18 Fév 2025

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Dernière mise à jour le  4 Mar 2025  à  11h20.

C’est une enquête minutieuse et inédite que les journalistes Fanny Marlier et Laurène Daycard ont mené sur les féminicides conjugaux par armes à feu. Leur investigation, d’abord publiée dans La chronique, le magazine des droits humains d’Amnesty International, se poursuit sur scène pour Mediavivant.

En France, un tiers des victimes de féminicide conjugal sont tuées par armes à feu, et surtout en milieu rural. Tirer avec une arme est le mode opératoire dans 30 % des 606 féminicides conjugaux, enregistrés entre 2018 et 2022, selon des données tirées de l’étude gouvernementale sur « les morts violentes au sein du couple », établie par une structure du ministère de l’intérieur, la Délégation aux victimes (DAV).  

Voir aussi : “On avait très peur de cette carabine”

Les journalistes ont cherché à comprendre si ces armes à feu étaient détenues légalement. Face au manque de données des services de l’État, elles ont enquêté sur ces crimes et créé leur propre base de données.

Le résultat est glaçant. 

Fanny Marlier et Laurène Daycard ont identifié 168 féminicides perpétrés par arme à feu, entre 2018 à 2022. 

Il ne s’agit pas d’armes du grand banditisme mais des armes de chasse et liées à la ruralité, achetées en ligne ou des « armes du grenier » par exemple.

Arme utilisée dans le féminicide de Cécile Piquet. Preuve issue du procès-verbal de l’enquête préliminaire menée par la gendarmerie de Versailles. Avril 2021. Crédit : Mediavivant

Parmi les témoins sur scène, Sandrine Bouchait, présidente de l’Union nationale des familles de féminicides, regrette que les armes ne soient pas suffisamment retirées après une première plainte. “Le 20 décembre 2024, Samira a été assassinée par son conjoint alors qu’elle avait déposé plus de 10 plaintes en  disant qu’il avait des armes à feu, rappelle-t-elle. Bien évidemment, il y a eu une saisine des armes, mais pas de toutes les armes. Il y en avait qui n’avaient pas été saisies. Et il l’a tuée avec ça”.

Margot Giacinti, docteure en sciences politiques de l’ENS Lyon et auteure du livre « Le commun des mortelles-Faire face au féminicide » (Ed. Divergences, février 2025), analyse sur scène ces meurtres grâce à ses recherches dans des archives du XVIIIe au XXe siècle. “Quand on regarde, on a des femmes ciblées spécifiquement parce que perçues comme tuables, vulnérables, en fait facilement appropriables, analyse-t-elle. Elles vont être construites comme des proies faciles”.

Une enquête de Fanny Marlier et Laurène Daycard, mise en scène par Aude Ollier.

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