La disparition de La Poste

L’intégrale : « N’habite plus à cette adresse »

La chasse aux coûts est ouverte. L’image du facteur qui prend le temps de discuter sur le pas de la porte est révolue. Les tournées sont chronométrées, l’entreprise a recours massivement à la sous-traitance et des emplois sont supprimés chaque année. Une enquête sur scène d’Annabelle Perrin.

Publié le 5 Mar 2023

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Dernière mise à jour le  8 Août 2023  à  9h37.

Qui peut mieux vous raconter l’évolution de La Poste que la rédactrice en cheffe d’un média épistolaire, La Disparition avec ses récits qui arrivent dans votre boîte aux lettres? Annabelle Perrin a de quoi se poser des questions. Sur les 18 700 plis envoyés durant une année, 452 lui sont revenus. Les réorganisations constantes du service postal ont des conséquences directes sur les usagers.

Le facteur n’a plus le temps. Ses courses sont chronométrées par un logiciel. 4 heures 23 minutes et 59 secondes, c’est la durée nécessaire selon les calculs de l’entreprise, pour la tournée du sociologue Nicolas Jounin qui a infiltré La Poste durant 5 mois. Lui y consacrait 7-8 heures et la menait déjà à un rythme soutenu. Le trajet est allongé. « La parole de l’ordinateur supplante, remplace, s’impose à l’expérience ordinaire des facteurs.»

C’est ainsi que La Poste affronte le temps des mails et la baisse du courrier distribué. Il faut gagner en productivité. La Poste « joue le jeu de la concurrence et de la rentabilité. Elle pressurise les agents et dégrade les services rendus aux usagers » assure Prune Helfter-Noah porte-parole du collectif Nos services publics.

La Poste envisage une accélération des réductions d’emplois et de la fermeture des bureaux de poste, «une optimisation» des tournées des facteurs comme le note le rapport d’information du sénat (mars 2021). Pourtant le groupe, loin de se concentrer sur la branche postale et multipliant les filiales, a réalisé un bénéfice net de 2,1 milliards d’euros.

Les employés, syndicalistes interrogés sur scène témoignent tous de cette pression accrue. «À chaque fois, c’est un peu plus dur (…) ma tournée est non seulement plus longue alors que la quantité de courrier reste la même», explique le facteur Laurent Chabrier (SUD). Ils racontent la perte de sens et pas seulement au service postal. «Le client qui rentre dans le bureau doit sortir avec un produit vendu». Magali Tardieu (CGT) qui travaille pour La Banque Postale regrette que le terme «client» ait remplacé celui d’usagers dans les éléments de langage de l’entreprise. «Ces services publics n’ont pas vocation à être rentables mais à être équitables» défend pour sa part le secrétaire départemental, SUD-PTT, Yann Quay-Bizet.

Cette enquête sur scène nous fait découvrir un service public à l’agonie comme il l’est dans d’autres secteurs.

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La rédaction de Mediavivant


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