Résistance et mémoire
Bir-Hakeim, le maquis très indépendant
Ce groupe de résistants, dépendant de l’Armée secrète gaulliste, fait preuve d’indépendance. Sa fin, en mai 1944, est tragique.
Le nom de Bir-Hakeim n’est choisi par les jeunes résistants qu’en août 1943 en hommage à la première bataille de juin 1942 dans le désert de Libye. Bien que fondé par un communiste, Jean Capel, le groupe est affilié à l’armée secrète gaulliste. Le projet étant de former des jeunes cadres capables d’encadrer les maquis armés, il est principalement constitué d’un maquis école qui comptera jusqu’à 80 membres.
Les entraînements devaient au départ se dérouler par stages de trois semaines, mais assez rapidement la totalité du maquis Bir-Hakeim est restée regroupée, notamment parce qu’il comptait un grand nombre de réfractaires, qu’il fallait loger et nourrir. Cela le rendait très visible. Deux groupes francs (indépendants), l’un basé à Toulouse, l’autre à Montpellier, étaient chargés du ravitaillement.
Bir-Hakeim dépend de l’Armée secrète gaulliste, mais il est très indépendant. Très vite Jean Capel parvient à court-circuiter les hiérarchies locales en nouant des contacts avec des proches du Général de Gaulle. Sur le terrain les rivalités sont fortes avec les maquis locaux, notamment communistes. Bir-Hakeim est soupçonné d’être très soutenu par Londres – ce qui est injuste, le maquis n’a jamais disposé d’un seul parachutage, ses armes et ses véhicules étaient dérobés à la police, l’armée d’armistice ou les Allemands. Et parce que la culture maquisarde cévenole, héritée des camisards, était à l’opposé de la stratégie de Bir-Hakeim. En Lozère on se fond dans la population, on mène les coups loin des villages, on évite de rester rassemblés pour ne pas être trop voyant. Bir-Hakeim au contraire assumait de vivre en groupe et de mener des coups spectaculaires pour insécuriser Allemands et collaborateurs.
La fin de Bir-Hakeim est tragique. Le dimanche 28 mai 1944, 34 hommes sont tués au combat dans un hameau de Lozère, 27 autres se rendent contre la promesse d’être faits prisonniers de guerre. Ils seront torturés toute une nuit à Mende par la Gestapo avant d’être fusillés au matin à l’écart de la ville