Résistance et mémoire

« L’auteur prétend faire œuvre d’historien »

Le titre de l’enquête «Les Imprudents» a créé un débat dans la communauté d’historiens.

Publié le 5 Avr 2023

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Dernière mise à jour le  21 Juil 2023  à  9h48.

Couverture du livre Les Imprudents, Olivier Bertrand, 2019.
Couverture du livre Les Imprudents, Olivier Bertrand, 2019.

À la publication du livre « Les Imprudents », un réseau de professeurs d’histoire-géographie, souvent en retraite, tous proches d’associations d’amis de la Résistance, s’est offusqué de la publication d’un tel ouvrage, en raison notamment de son titre. Pour eux, il s’agissait d’une remise en cause de la Résistance. Ils ne faisaient pas la distinction entre l’imprudence inhérente à l’engagement en temps de guerre et celle parfois gratuite liée à la jeunesse et à la fougue insouciante de Bir-Hakeim. Ils défendaient une histoire très pure de la Résistance. Une histoire figée, statufiée à la sortie de la guerre. Imperméable aux nuances que le temps permet en nous décollant de l’évènement.

Sans doute refusaient-ils aussi qu’un journaliste explore à sa façon l’Histoire, en faisant parler des témoins encore en vie, en utilisant des documents que l’on ne trouve pas aux archives. La plupart avaient passé leur vie à transmettre une synthèse des travaux réalisés notamment par des historiens-résistants, sans jamais réinterroger ce qui avait été cristallisé au sortir de la guerre. «L’auteur prétend faire œuvre d’historien», regrettait l’un d’eux.

Les Archives départementales de la Lozère ont organisé le 26 novembre 2019 un débat pour tenter de crever l’abcès, libérer la parole. Au terme d’échanges intéressants sur les méthodes comparées de l’historien, de l’archiviste et du journaliste, la présidente départementale de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la résistance s’est exprimée longuement sur ce qui avait heurté son association à la lecture de ce livre.

Elle reprochait d’insister sur l’imprudence, indissociable selon elle de l’engagement. Puis Patrick Cabanel, directeur d’études à l’École pratique des hautes études et historien, dont la parole fait autorité dans les Cévennes, a pris le micro à son tour. Pour dire que chacun est aussi légitime à interroger l’histoire, et pour confirmer que tous les maquis des Cévennes avaient été frappés par ce groupe de Bir-Hakeim, qui «fascinait les jeunes», mais qui était beaucoup «trop imprudent».


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