Le miracle des Minots
Une génération entre oubli et reconnaissance éternelle.
La proximité entre les supporters et les Minots est le signe d’une autre époque du football.
Il y a le souvenir officiel, entretenu et mis en avant par le club* et les médias: l’étoile de 1993 et les titres des années Tapie. À jamais les premiers.
Même le souvenir d’autres vainqueurs comme le duo magique Skoblar/Magnusson (1969-1974) a du mal à se faire une place dans cette histoire lissée. De là à parler des Minots en D2…
Leur mémoire reste ancrée chez ceux qui remplissaient les tribunes au début des années 1980. Pour les supporters, les Minots ont une place à part, au cœur de leur passion pour l’Olympique de Marseille. «Cette équipe, je l’idolâtre ! Ok, on a été champions d’Europe avec Monsieur Tapie mais les Minots, c’est grâce à eux qu’on a sauvé le club et on en parle jamais, s’exclame encore Gérald, qui avait douze ans à l’époque. Et puis, c’était une aventure, presque avec des copains! À la fin du match, on pouvait, nous supporters, les retrouver dans la salle Jean Bouin au Vélodrome. Ils jetaient leurs sacs, buvaient un coup,signaient un autographe. On vivait quelque chose de vrai !»
Il y a l’accomplissement, celui d’avoir sauvé le club et de l’avoir ramené en première division. Il y a aussi la proximité. Les après-matchs, les déplacements, même les échauffements, se faisaient au contact direct des supporters.
La rupture va survenir et acter l’entrée dans une deuxième époque, celle du football plus dominée par le business.
* À noter que la direction actuelle a tenu à réaliser un reportage à l’occasion des quarante ans de l’épopée des Minots et a soutenu publiquement le documentaire «Les Minots, le football à l’état pur»
Mourad Aerts