Démocratie
Jusqu’où iront les atteintes à la liberté d’informer ?
Mediavivant dénonce les intimidations contre la journaliste d’investigation Ariane Lavrilleux, perquisitionnée et placée en garde à vue.
Bonjour à toutes et à tous,
Mardi, l’équipe de Mediavivant était sous le choc, comme beaucoup de citoyens français. Une juge d’instruction et des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont débarqué chez notre consoeur Ariane Lavrilleux dès 6 heures du matin, à Marseille. Pendant dix heures, son appartement a été perquisitionné. La journaliste qui enquête pour Disclose est placée en garde à vue. Il faudra attendre le milieu d’après-midi pour qu’elle puisse enfin voir un avocat. 39 heures pour qu’elle puisse sortir, après avoir passé une nuit en cellule. Une procédure d’exception.
Jusqu’où ira-t-on dans les atteintes à la liberté d’informer ? Depuis des années, la pression s’accroît. En 2019, huit journalistes ont été convoqués par la DGSI sur l’affaire Benalla et les armes françaises utilisées au Yémen. Le site d’investigation Mediapart a subi une tentative de perquisition. L’État a été condamné dans cette dernière affaire. En 2022, le journaliste Alex Jordanov, qui a écrit un livre sur la DGSI, est mis en examen.
Ariane Lavrilleux, reconnue sur les affaires de défense, a révélé les dérives d’une opération militaire de la France en Egypte ou encore les livraisons d’armes à des pays autoritaires comme l’Arabie Saoudite. Ces enquêtes basées sur des informations «confidentiel-défense» ont toujours été diffusées au nom de l’intérêt général.
Cette garde à vue est une atteinte grave à la liberté d’informer et au secret des sources garanti par la loi. Ce n’est pas qu’une attaque ciblée sur une journaliste. Cela touche directement la liberté de la presse et notre démocratie.
Daphné Gastaldi, journaliste à Mediavivant