Inégalités dans la santé
Les cancers professionnels féminins moins reconnus
Plus précaires, occupant des postes moins étudiés que ceux des hommes, les femmes sont aussi moins nombreuses à voir reconnaître le caractère professionnel de leur cancer.
À première vue, les femmes seraient moins victimes que les hommes de cancers professionnels, résultant de l’exposition à des facteurs de risque dans le cadre du travail.
Le Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle et environnementale dans le Vaucluse (Giscope 84) relève lui aussi une différence énorme, dans un rapport à paraître: 12,2% des hommes étudiés par le groupe interdisciplinaire de chercheurs ont eu une maladie professionnelle reconnue contre 1,4% des femmes.
Des données en trompe-l’œil, qui s’expliquent déjà par un cadre de reconnaissance des maladies professionnelles «historiquement construit en référence à des secteurs d’activité à prédominance masculine», comme le bâtiment ou l’agriculture. Aucune enquête épidémiologique n’a établi un lien entre les métiers du nettoyage, pourtant exposés à des produits toxiques et le développement de cancers.
D’autre part, les conditions d’emploi étudiées : un emploi stable, «exposé sur la durée» à un seul et même toxique, correspondent moins à celles des femmes, «en particulier les femmes des classes populaires sont le plus souvent éloignées des modèles dominants du CDI. »
La précarité des femmes au travail rend plus difficile la reconnaissance du caractère “professionnel” d’un cancer, une maladie multifactorielle qui peut se déclarer plusieurs années, voire décennies, après l’exposition à un agent cancérogène.
Récemment, les autorités sanitaires ont ainsi reconnu un lien entre travail de nuit et risque de cancer du sein.
Les femmes sont aussi presque deux fois moins incitées à faire les démarches pour obtenir la reconnaissance d’une maladie professionnelle que les hommes, relève le Giscope 84, qui constate qu’une fois cette barrière passée, « leurs chances de voir leur cancer reconnu en maladie professionnelle sont trois fois moins élevées que chez les hommes.»