Petite enfance
L’essor des crèches privées
Aujourd’hui, les crèches privées représentent un quart du marché. Un développement rapide en vingt ans, soutenu par les pouvoirs publics.
Dans le futur « service public de la petite enfance » annoncé par le gouvernement, les entreprises de crèches seront incluses. Elles représentent un quart du secteur, selon un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge de 2023. Soit environ 115 000 places gérées par le privé.
Des PME créées au début des années 2000 sont devenues des chaînes voire des multinationales. Aujourd’hui, le secteur est dominé par des groupes de crèches qui se développent à l’international ou qui sont adossés à des fonds d’investissement pour certains. Les quatre plus importants sont Grandir-Les Petits Chaperons Rouges, Babilou, la Maison Bleue et People&Baby. Cet essor rapide des crèches privées en vingt ans interroge sur l’impact de cette «course au profit», comme analysé dans l’enquête de Mediavivant «Le business des crèches».
Une privatisation accélérée
Au début des années 2000, le besoin de crèches se fait ressentir après le pic de natalité des années 1990, la hausse de l’emploi des femmes ou l’augmentation des familles monoparentales. Le secteur s’ouvre petit à petit au privé à but lucratif, avec des entrepreneurs qui jouent les ambassadeurs comme Jean-Emmanuel Rodocanachi, aujourd’hui à la tête du plus grand groupe de crèches Grandir-Les Petits Chaperons Rouges.
La droite, à ce moment-là au pouvoir, facilite leur développement en ouvrant les vannes de l’argent public. Des mesures fiscales et sociales favorisent leur création. Dès 2004, des entreprises de crèches peuvent être conventionnées par la caisse d’allocations familiales, recevoir des subventions publiques, des aides de fonctionnement ou à l’investissement, et bénéficier du crédit d’impôt famille.
En 2007, sous le mandat de Nicolas Sarkozy, les règles sont assouplies pour accélérer l’ouverture de crèches privées. L’objectif espéré est de trouver 200 000 places d’accueil, tous modes de garde confondus. Le décret Morano de 2010 autorise à accueillir des enfants en surnombre, jusqu’à 20% au-delà des effectifs, et réduit la part de personnel diplômé. La privatisation s’accélère avec l’autorisation de créer des micro-crèches, plus faciles à installer et plus rentables. Ces petites structures peuvent accueillir désormais 12 enfants.
Ces dix dernières années, les entreprises ont même créé 80% des nouvelles places de crèches. Un boom en seulement vingt ans.
Daphné Gastaldi