Marioupol
Dans les médias russes la «désatanisation» de l’Ukraine
La guerre est aussi communicationnelle. En Russie, la propagande gomme les échecs de l’invasion et la justifie en évoquant une mission de «dénazification».
La guerre est aussi communicationnelle. En Russie, la propagande gomme les échecs de l’invasion et la justifie en évoquant une mission de «dénazification».
Durant de longs mois, l’invasion de l’Ukraine ne fut considérée par les médias sous le contrôle du Kremlin que comme une «opération spéciale», selon la terminologie de Vladimir Poutine, cette dernière visant à «dénazifier» le pouvoir en place à Kyiv, accusé de mener «un génocide» contre les russophones du pays.
Alors que les défaites militaires sur le terrain s’accumulaient à la fin de l’été 2022, certains analystes commencèrent à chuchoter le mot «guerre», mais pour expliquer que si la Russie était en difficulté, c’était en raison de l’implication massive dans le conflit des pays de l’Otan, et des «milliers de mercenaires occidentaux» se battant au côté des soldats ukrainiens.
Les analystes qui interviennent quotidiennement sur les principales chaînes du pays hésitent à pointer directement les responsables des revers russes, mais des blogueurs militaires actifs sur la messagerie Telegram fustigent désormais le commandement militaire et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou.
La figure de Vladimir Poutine semble pour l’heure intouchable, même si quelques voix hétérodoxes ont été préventivement envoyées sur le front, comme Igor Guirkine «Strelkov», agent du FSB et ancien chef des séparatistes pro-russes de la ville de Sloviansk, qui a officiellement rejoint une unité de volontaires en octobre dernier.
Alors que la propagande du Kremlin adopte un ton de plus en plus messianique, les médias russes n’hésitent plus à évoquer la «désatanisation» de l’Ukraine, au prix si cela s’avérait nécessaire de «frappes nucléaires».