Golfe de Fos

Polluants éternels: une enquête participative pour mieux les cerner

L’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions de Fos-sur-Mer lance une grande étude sur les Pfas, ces «polluants éternels» au cœur du débat politique.

Publié le 1 Mai 2024

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Dernière mise à jour le  1 Mai 2024  à  17h35.

Dans la zone de Fos-Istres des habitants ont prêté leurs robinets en avril pour mesurer la présence de polluants éternels dans l'eau. Crédit: IECP
Dans la zone de Fos-Istres des habitants ont prêté leurs robinets en avril pour mesurer la présence de polluants éternels dans l'eau. Crédit: IECP

Faut-il interdire les Pfas, ces composés «magiques» mais quasi indestructibles? L’Institut écocitoyen (IECP) de Fos-sur-mer ne souhaite pas répondre à cette question, mais donner aux décideurs politiques «tous les arguments scientifiques pour savoir quoi faire», explique Philippe Chamaret, son directeur. L’IECP, qui associe citoyens et élus à la démarche scientifique depuis 2010, agit toujours « à l’écoute de l’expression des citoyens ». Il s’est emparé du sujet des Pfas, cette classe de molécules très prisée pour leur résistance à la chaleur notamment, quand il est apparu «brutalement, chez des habitants de la métropole de Lyon».

Sollicitée en 2022 par des habitants très inquiets après une série d’enquêtes journalistiques révélant une pollution d’ampleur dans la «Vallée de la chimie» où des industriels comme Arkema manipulent des Pfas, la métropole lyonnaise a missionné l’IECP pour son expertise. 

En effet, dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-mer, l’IECP a été parmi les précurseurs pour mener des diagnostics de pollution, toxicologie des polluants, et croiser les données avec les pathologies des habitants, pour tenter d’analyser au mieux le risque sanitaire des industries. 

L’IECP a ainsi démontré que les habitants de la zone étaient plus exposés qu’ailleurs au plomb notamment. Une surexposition qui peut engendrer de graves problèmes de santé, notamment des cancers, comme l’avait révélé l’enquête sur scène «Golfe de Fos, les habitants se révoltent contre la pollution». 

Impliquer les personnes interrogées

À Lyon, l’IECP va mener une étude de bio-imprégnation humaine, c’est-à-dire réaliser des prélèvements sanguins notamment, pour observer l’effet des Pfas rejetés dans l’air, le sol et l’eau de la vallée de chimie, sur les personnes. «Tout l’intérêt de l’étude participative, pointe Philippe Chamaret, c’est que les gens n’attendent pas passivement les résultats: dès sa conception ils sont impliqués, on n’arrive pas avec un protocole tout fait, on adapte la méthode à leurs réflexions, encore plus là, sur un terrain qu’on ne connaît pas». 

Associés dès 2023 via des ateliers, les habitants volontaires se prêteront à ces prélèvements pour évaluer la persistance des Pfas dans l’environnement, dans un territoire qui en rejette massivement. Les résultats seront comparés avec ceux d’habitants de Fos, «un territoire qui n’est pas vierge de Pfas, du fait notamment de la combustion de déchets et d’hydrocarbures, mais qui y est moins exposé quand même». Des équipes médicales comme les hospices civils de Lyon seront ensuite associés au projet pour évaluer l’impact médical des polluants.

Les députés ont approuvé en avril en première lecture une proposition de loi écologiste visant à restreindre en France la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, mais le débat n’est pas tranché: le texte doit encore passer être approuvé au Sénat.

Son champ d’application est contesté: les ustensiles de cuisine, dont les revêtements anti-adhésifs contiennent des Pfas, ont pour le moment été écartés du texte de loi.Ce débat parlementaire, estime Philippe Chamaret, «met un enjeu sur la recherche à produire, qui est là pour doter les élus d’arguments scientifiques». L’idée d’une telle étude, «très onéreuse», explique-t-il, est aussi de pouvoir l’utiliser au service d’autres territoires ensuite.


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