Inégalités dans la santé
Désert gynécologique en milieu rural
Il est très difficile pour les femmes d’avoir accès à un gynécologue dans les départements peu urbanisés. Une situation qui ne s’améliore pas.
Dans les Deux-Sèvres, il est impossible pour une femme de consulter un gynécologue médical en ville. Il n’y en a tout simplement aucun dans le département. Il en va de même dans 13 départements sur les 101 que compte la France, dont Mayotte, la Creuse ou le Haut-Rhin. Ce chiffre est issu d’un rapport du Sénat sur la situation des femmes dans les milieux ruraux et rendu le 14 octobre 2021.
Le gynécologue médical est le spécialiste de la santé des femmes (contraception, IVG, maladies de l’appareil reproductif). Il se distingue du gynécologue obstétricien, qui lui est spécialisé dans les suivis de grossesse et de l’accouchement. Mais même dans cette spécialité la situation n’est pas beaucoup plus favorable, selon une étude de l’association de consommateurs UFC-Que choisir datée de 2022.
Dans les Deux-Sèvres, plus de la moitié des femmes de ce département n’a pas d’accès à un gynécologue obstétricien pratiquant des tarifs de secteur un (25 euros en métropole), sans dépassement d’honoraire.
Une situation qui ne devrait pas s’améliorer, regrettent les sénateurs. « La baisse du nombre de gynécologues médicaux va se poursuivre dans les années à venir, en raison des départs en retraite que le nombre de jeunes diplômés ne permettra pas de compenser. »
Les gynécologues et les pédiatres sont les spécialistes qui désertent le plus les milieux ruraux. Les femmes n’ont d’autres choix que de se tourner vers les hôpitaux, les centres de planification ou les PMI (centre de protection maternelle et infantile). Ces services de santé sont présents uniquement dans les villes.
« Les femmes sont souvent confrontées à des difficultés de mobilité : certaines n’ont pas de permis de conduire, ou bien l’unique véhicule familial est utilisé par le conjoint », note Françoise Amouroux, vice-présidente du Conseil central de l’Ordre des pharmaciens lors de son audition par les sénateurs. «Sans les transports en commun présents dans les grandes villes, ces femmes ont des difficultés d’accès aux soins ».
Les fermetures de maternité ont également un impact. Entre 2000 et 2017, la part des femmes vivant à plus de 30 minutes d’une maternité a augmenté d’un tiers. Le Lot est l’un des départements les plus sinistrés, avec trois maternités sur quatre fermées durant cette période. 24% des femmes vivent désormais à plus de 45 minutes de route d’une maternité, contre seulement 6% en 2017.