Trafic de drogue
Marseille, le Graal des apprentis dealers
Le narcotrafic véhicule un imaginaire, des codes, des modes. Dans cet imaginaire, Marseille apparaît comme l’endroit où il faut être.
Si l’argent est la motivation première des « djobeurs », la fascination pour une « sous-culture délinquantielle », selon les termes de l’avocat Luc Febbraro, est aussi un élément d’attraction de cette main d’œuvre venue d’ailleurs.
Les « intérimaires » de la drogue arrivent à Marseille « en pensant qu’ils vont vivre la vie d’Al Pacino dans le Parrain », explique l’avocat Azize Chemmam. Une culture avec ses propres codes boostée par les réseaux sociaux sur lesquels les « djobeurs » affichent ce qu’ils considèrent comme une marque de réussite sociale et dont ils s’empressent de faire étalage.
Un enquêteur judiciaire du service des douanes, qui veut conserver l’anonymat, explique l’immuable rituel: « Quand ils commencent à toucher leur argent, le premier truc c’est de faire une vidéo avec les liasses d’argent. Si jamais ils ne se font pas arrêter, leur vie ressemble à celle de mecs de télé-réalité. Ils se filment en train d’acheter des montres à Monaco ou de boire du champagne avec des filles. Ils dépensent tout très rapidement ».
Une culture qu’incarne Marseille où 18% des condamnations sont liées au trafic de stupéfiants. « Quand vous voulez faire du show business, vous allez à Los Angeles. Quand vous voulez faire carrière dans les stupéfiants, vous allez faire vos gammes à Marseille », résume Luc Febbraro.
Joachim Barbier