« Guet-apens »

Piégés sur des sites de rencontres gays

Les agresseurs appâtent leurs cibles sur Internet. Un rendez-vous est fixé. Piégés les victimes subissent des insultes, des violences, sont extorqués. Jusqu’à l’homicide.

Publié le 28 Juin 2023

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Dernière mise à jour le  21 Juil 2023  à  9h58.

Coco, un site de rencontres utilisés par des agresseurs homophobes. Crédit:Mediapart
Coco, un site de rencontres utilisés par des agresseurs homophobes. Crédit:Mediapart

« On en parle entre nous. On sait qu’il faut faire attention, qu’il faut faire gaffe face à tels ou tels profils», témoigne un spectateur dans le public de Mediavivant. Sur les sites de rencontres homosexuelles, la vigilance est de mise. Depuis la sortie du documentaire « Guet-apens, des crimes invisibles», par notre partenaire Mediapart, le phénomène est exposé au grand jour. La majorité des guet-apens homophobes recensés par les journalistes ont démarré sur des sites de rencontres. Smax, Grindr ou encore Coco.

Après le temps de séduction, un rendez-vous est  proposé. Lors de ces guet-apens, les victimes peuvent subissent des insultes, des violences, sont extorqués. Jusqu’à l’homicide. Pour se prémunir de ces pièges, les associations de lutte contre l’homophobie conseillent de garder une trace écrite, de récupérer un numéro, un profil sur les réseaux sociaux, de se rencontrer d’abord dans un lieu public comme un bar ou un restaurant, voire de prévenir un ou une proche du rendez-vous.

Dans la liste des agressions homophobes recensées par Mediapart, un site revient plus que les autres: Coco. Ce site de tchat est connu pour n’être que très peu modéré, avec les risques de dérives que cela représente. Il suffit de payer quelques euros pour échanger avec des inconnus sur ce site basique, sous couvert d’anonymat. Comme le raconte les journalistes dans le documentaire, « Seb le Canuleur», 34 ans,  y a passé des heures pour piéger des homosexuels, en se faisant passer pour une personne « travestie ».

Il a coordonné une armée de complices, via les réseaux sociaux, à partir de Brive-la-Gaillarde. «J’en ai 2 là», s’exclame-t-il dans une vidéo live, en pleine «chasse». Il fixe rendez-vous dans une petite rue de la banlieue Sud de Paris à une prochaine victime. Dans la voiture, il se retourne vers ses complices: «Les gars, il faut aller le péter, il arrive», dit-il, filmé en direct sur l’application Périscope. Il va jusqu’à inciter sa communauté à «mettre des coeurs» alors qu’il se prépare à agresser une victime. Mais ce soir-là, la police intervient. Par la suite, l’enquête de police permettra d identifier dix victimes du «Canuleur». Il sera condamné en 2022. Le site Coco n’a jamais répondu aux sollicitations de Mediapart sur ces pratiques illégales. Grindr se contente d’une réponse type et conseille les usagers de faire un signalement via l’application ou aux autorités.


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