Résistance et mémoire
Road-trip et archives
Pour découvrir l’identité de l’inconnu enterré dans son village d’enfance, le journaliste Olivier Bertrand a écumé les archives départementales. Il raconte son périple historique.
Comment travaille un journaliste quand il décide de raconter l’épopée d’un maquis itinérant ? Pour le livre «Les Imprudents» l’idée était de visiter tous les villages où était passé Bir-Hakeim pour rechercher des témoins et des documents, tout en explorant les archives départementales de la Haute-Garonne puis de l’Aveyron, des Pyrénées orientales, de l’Hérault, du Gard, de l’Ardèche, de la Lozère, les Archives nationales, le Service historique de la Défense et les archives de la Justice militaire.
Mais que cherche-t-on et comment aux archives, quand on veut retracer l’histoire d’un mouvement clandestin tout en racontant la vie quotidienne dans les villages pendant la guerre ? Pour ce qui concerne le maquis, il a fallu fouiller systématiquement les dossiers des services de police ou de gendarmerie, les dossiers des renseignements généraux, les archives des directeurs de cabinet des préfets (etc.).
Un exemple : aux archives départementales de la Haute-Garonne à Toulouse se trouvait l’arrestation en octobre 1943 d’un jeune homme qui reconnaissait appartenir à un groupe clandestin. Il donnait l’adresse de sa planque parce qu’elle a été abandonnée deux mois plus tôt. Or il s’agissait du hameau qui avait caché le premier maquis de Bir-Hakeim. C’est comme une pêche avec des filets très larges, il faut examiner tout ce qui remonte, rejeter ce qui n’est pas essentiel. C’est fastidieux mais de temps en temps vous remontez des perles.
Pour raconter la vie quotidienne dans les villages, l’idée était de plonger dans les rapports que les services décentralisés de l’État faisaient chaque mois aux préfets, dans les compte-rendus hebdomadaires des renseignements généraux, les courriers des maires à la préfecture etc.
Un travail chronophage car une partie des dossiers épluchés ne concernent pas votre enquête, mais pourtant ils vous captent, vous captivent, avec d’autres histoires, que vous auriez envie de raconter.