Trafic de drogue

«Les “djobeurs” nous parlaient plus facilement au tribunal»

Les journalistes Chloé Triomphe et Joachim Barbier racontent les dessous de leur enquête « Les “djobeurs”, ces petites mains des réseaux » à Marseille.

Publié le 16 Nov 2023

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Dernière mise à jour le  16 Nov 2023  à  7h38.

Les journalistes Chloé Triomphe et Joachim Barbier en répétition pour Mediavivant, novembre 2023.
Les journalistes Chloé Triomphe et Joachim Barbier en répétition pour Mediavivant, novembre 2023.

Pendant des mois, les journalistes Chloé Triomphe et Joachim Barbier ont écumé les comparutions immédiates, suivi la police sur des points de deal ou enquêté en ligne sur les intérimaires du trafic de drogue. De février à mai 2023, la spécialiste Police/Justice basée à Marseille et le reporter parisien ont cherché à comprendre l’emprise de ces réseaux et la banalisation du trafic qui poussent des jeunes à venir de partout en France pour dealer et encaisser de l’argent facile. Pour 150 à 300 euros par jour, ces recrues, guetteurs ou vendeurs, sont prêtes à prendre tous les risques, avec souvent des issues tragiques. Entre deux répétitions pour adapter leur enquête, parue dans le magazine Society, à la scène, ils  expliquent leurs méthodes d’enquête.

Quelle est la genèse de cette enquête ?

Chloé Triomphe : Chaque année, il y a toujours des bilans pendant des conférences de presse de la police, du procureur ou du président du tribunal judiciaire par exemple. À un de ces points presse, il y avait un bilan des stup’. Un chiffre m’a marquée : 40 % des mineurs interpellés à Marseille venaient d’ailleurs. Ils venaient de toute la France. On s’est dit que c’était révélateur d’un vrai phénomène.

Quels terrains avez-vous fait ?

Joachim Barbier : Au début, je pensais qu’il fallait aller sur les points de deal mais le meilleur moyen était d’assister aux comparutions immédiates pour essayer de chopper des «djobeurs » à la sortie. J’en ai fait entre 10 et 15. Et puis, on a cherché sur les réseaux sociaux, sur Telegram et Snapchat.

Chloé Triomphe : Pour avoir été deux fois sur des points de deal avec la police, on voit bien que chacun est dans son rôle à ce moment-là. Au tribunal, en sortant, les « djobeurs » étaient libérés. Ils étaient contents de sortir de garde à vue, du dépôt. On se présentait comme journalistes et ils nous parlaient plus facilement au tribunal que dans leur cité où ils sont observés.

Qu’est-ce que cela apporte de mener une enquête à deux ?

Chloé Triomphe : Quand on enquête seule, personne ne vous dit si vous êtes en train de faire fausse-route…

Joachim Barbier : Je ne suis pas sûr que j’aurais pu faire cette enquête seul. Il y a beaucoup de personnes à voir, à interviewer sur ce sujet. Cela permet de confronter les points de vue, comme lorsqu’on a travaillé ensemble sur la tuerie de Chevaline, l’an dernier.  On est plus juste.

Propos recueillis par Daphné Gastaldi


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