Marseille 1943
Un témoin de Mediavivant au collège Izzo
Après avoir témoigné sur scène pour Mediavivant, un survivant des rafles de 1943 a été interviewé au collège Izzo.
« Enfin, on en parle. Moi aussi, je suis un survivant ». Antoine Mignemi n’en revenait pas lorsqu’il a appris que l’avocat Pascal Luongo avait déposé plainte contre X pour crimes contre l’humanité en 2019, afin de reconnaître les victimes des rafles du Vieux-Port de 1943. Des rafles longtemps oubliées.
Après leurs témoignages dans notre enquête « Autopsie d’un crime contre les quartiers populaires », Antoine Mignemi, 86 ans, et Pascal Luongo ont été interviewés par des élèves du collège Jean-Claude Izzo, en résidence journalistique le vendredi 14 avril 2023. Au micro, ils se livrent sur ce combat, quatre-vingt-ans après (à partir de 26 minutes).
«Toinou, habille-toi vite ! Il faut partir. La police nous a demandé de quitter les lieux». Antoine Mignemi avait 5 ans mais les paroles de sa mère, cette nuit-là, résonnent encore avec fracas. « Vous vivez avec ce traumatisme dans le ventre et cela fait mal jusqu’à la fin de votre vie », explique Antoine aux élèves, suspendu.es à ses lèvres. Le 24 janvier 1943, le quartier de Saint-Jean finissait d’être évacué avant le dynamitage de cette partie Nord du Vieux-Port. Environ vingt mille personnes sont évacuées de force, huit cents seront déportées.
« Mais pourquoi ces rafles ont été oubliées?», « pourquoi porter plainte si longtemps après ? », s’interroge la classe de 4eB. Ces jeunes Marseillais.es n’avaient jamais entendu parler de ce drame auparavant, ni du dynamitage de l’ancien quartier Saint-Jean par le régime nazi et les autorités vichystes. Pour préparer leur émission radio, les collégien.nes ont visionné des extraits de Mediavivant et leur professeur d’histoire en a fait un cours pour l’occasion. Quatre-vingts ans après, la mémoire de cette rafle, la plus importante après celle du Vél d’Hiv, se transmet de nouveau.