Extrême-droite
Quand les digues médiatiques sautent
Le Rassemblement national n’a jamais été aussi puissant à l’Assemblée nationale. Ce parti qui menace la vie démocratique de notre pays, ne peut être traité comme un parti « comme les autres » par les médias.
Avons-nous assisté à une défaite du Rassemblement national hier soir, lors des élections législatives ? Le parti d’extrême-droite et ses alliés ont obtenu 143 sièges. Certes, nous sommes bien loin de la majorité absolue mais rappelons que la précédente chambre comptait 88 députés bleu marine. L’autre victoire est culturelle et interroge une nouvelle fois le traitement médiatique.
Le RN a parachevé sa normalisation. Il est traité comme un parti comme les autres. Une tendance à laquelle s’oppose Mediavivant. Nous considérons que ce parti xénophobe menace la vie démocratique du pays. Il brutalise déjà la liberté de la presse. Dimanche soir, il triait encore les journalistes: certain·es étaient autorisé.es à les suivre, d’autres non. Le journaliste Mathieu Périsse (Mediacités) s’est ainsi fait expulser du QG du RN du Rhône.
Mediavivant a signé une tribune appelant à faire front commun contre l’extrême-droite. La presse indépendante a pu se sentir isolée dans ce combat et a plus que jamais besoin de votre soutien. Pour avoir soutenu cette même tribune, cinq journalistes de France 3 ont été mis en retrait lors de la campagne.
Les barrages ont cédé. Mediapart raconte un exemple parlant : celui de La Voix du Nord. En 2015, le quotidien régional issu de la résistance, titrait « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». En 2024, le journal offre un long entretien à Marine Le Pen avec pour titre : « Si je devais passer le balai et servir les cafés pour servir la France, je le ferais ».
Lors de cette campagne, le RN est parvenu à imposer ses thèmes de prédilection : l’immigration, la sécurité, sans que cela ne soit justifié par l’actualité et les faits. Sa rhétorique a été utile aux autres formations politiques comme Ensemble, la coalition présidentielle. Qualifier La France Insoumise d’« extrême-gauche » malgré la décision du Conseil d’ État a ceci de pratique de renvoyer dos à dos ses adversaires.
Il ne s’agit plus seulement de l’empire médiatique de Vincent Bolloré mis au service des ambitions de l’extrême droite mais de la prise de responsabilités de tous les médias.
À un an d’une possible dissolution de l’Assemblée nationale, à trois d’une élection présidentielle, un barrage est à reconstruire.
Jean-Baptiste Mouttet, directeur de publication