Quartiers Nord

[VIDEO] A Marseille, les liens dégénèrent

Pour Mediavivant, des jeunes de la Ligue de l’enseignement ont enquêté sur les discriminations subies par les habitants des quartiers Nord de Marseille. Leur investigation est présentée sur scène.

Publié le 5 Juil 2024

 · 

Dernière mise à jour le  5 Juil 2024  à  17h01.

Samia Chabani, fondatrice de l'association Ancrages, interviewée sur scène. Mai 2024. Crédit : Mediavivant
Samia Chabani, fondatrice de l'association Ancrages, interviewée sur scène. Mai 2024. Crédit : Mediavivant

Venus des quatre coins de Marseille, les jeunes de l’association Jeun’ESS Place et la Ligue de l’enseignement des Bouches-du-Rhône ont enquêté sur un sujet qui les concerne directement : la discrimination des jeunes des quartiers Nord.

Les Marseillais.es de l’association Jeun’ESS Place ont dépassé leurs craintes et affronté la violence de certains à leur égard, lors de simples micros-trottoirs, pour décrire les jugements dont sont victimes les habitants et les fractures qui traversent la ville.

Voir aussi : « La Marche » sans fin contre le racisme

Il faut savoir que 23% des 18-34 ans interrogés pour le baromètre des discriminations dans l’emploi chez les jeunes, de la Défenseure des Droits, répondent qu’ils ont été discriminé.es pour leur âge.

Les élèves interviewent face au public la lycéenne Imane Mekedem, habitante d’un quartier défavorisé du 15e arrondissement, qui s’est retrouvée au Lycée Thiers, un des meilleurs lycées au centre de Marseille. « J’ai été poussée par mes professeurs, qui avaient un discours assez dur : aller dans un lycée de ZEP + allait me ralentir dans les études. (…) J’ai suivi ce discours, qui peut être vrai ou pas. Je voulais voir un autre monde et d’autres origines sociales », explique-t-elle. En classe de première maintenant, elle raconte l’écart social vécu et les codes différents dans ce nouvel établissement : « Tous visaient des grandes écoles, des prépas. J’ai été étonnée de voir que leurs ambitions étaient aussi grandes ».

Sur scène également,  Samia Chabani, la sociologue et cofondatrice de l’association Ancrages qui valorise les cultures et les mémoires de l’exil à Marseille, répond aux questions des journalistes en herbe. « Les quartiers Nord, c’est une représentation sociale », commence-t-elle. « J’aime bien dire que les quartiers Nord n’existent pas. Il y a  111 villages à Marseille (…) qui se sont enrichis de cités d’habitat social, et c’est une longue histoire des bidonvilles ». Sur les stigmates envers ces quartiers, elle souligne un événement lors de l’arrivée de la flamme à Marseille le 8 mai, très symbolique :  « Quand on dit que Jul n’aurait pas dû apporter la flamme, pourquoi ? Il y a dans cette personnalité, qui est un rappeur extrêmement important, une culture populaire et une façon de s’exprimer que beaucoup ne comprennent pas ».

Découvrir une autre enquête : Marseille s’enflamme pour les Jeux Olympiques

Pour poursuivre, Lola Lamazere, 25 ans et chargée de mission Lutte contre les Discriminations auprès de la Défenseure des droits en Paca explique les différentes définitions de la discrimination. « Toute personne peut commettre une discrimination ou en être victime de par les stéréotypes et les préjugés que nous avons tous », explique-t-elle. « Une discrimination c’est une addition : un traitement défavorable (…), en lien avec l’un des 26 critères de discrimination, dans l’accès à un domaine que sont les biens et services ».

Interrogée sur les relations avec la police, elle analyse les discriminations subies face aux forces de l’ordre, avec des chiffres issues d’un rapport « Discriminations et origines, l’urgence d’agir » :  80% des jeunes hommes, perçus comme noirs, arabes ou maghrébins, rapportent avoir été contrôlé au moins une fois par les forces de l’ordre sur la période analysée.

Marseille n’est pas une exception. A Lille, Paris, Strasbourg, Rennes, Bordeaux ou Lyon, les jeunes venant des quartiers populaires sont toujours pointés du doigt.

Ce Mediavivant a été mené par Walide, Sherazade, Daniel, Mohamed, Kahil, Daney, Océane, Myriam, Shaïnez et Inès de l’association Jeun’ESS Place et la Ligue de l’enseignement ; mis en scène avec la comédienne Nancy Robert et encadré par le journaliste Jean-Baptiste Mouttet.

Cette enquête s’est jouée sur scène lors de la journée de l’engagement de la Ligue de l’enseignement le 25 mai, au Centre social Les 3 Lucs, dans le 12e arrondissement de Marseille.

La rédaction


L'actu se raconte aussi dans notre newsletter

Avec des récits exclusifs. Vous y retrouverez également toute l’actualité de Mediavivant : l’avancée du projet, ses événements et les nouveautés.

Rendez possible une nouvelle saison
d’enquêtes sur scène

La qualité de l’information a un coût. Nous soutenir, c’est permettre à celles et ceux qui n’ont pas les moyens financiers de s’informer, d’accéder à nos enquêtes en accès libre sur le numérique.

Vos dons sont déductibles des impôts à 66%.

Mediavivant existe aussi en podcast, 

écoutez nos enquêtes sur vos plateformes favorites :