Marioupol

Anton Tverdokhliebov, fuir la guerre à 17 ans

Anton Tverdokhliebov a fui l’offensive russe sur sa ville de Marioupol, en Ukraine.

8 Déc 2022
Anton Tverdokhliebov, fuir la guerre à 17 ans. Crédit : Mediavivant
Anton Tverdokhliebov, fuir la guerre à 17 ans. Crédit : Mediavivant

Il était l’un des 450.000 habitants de Marioupol avant le début de l’offensive russe sur l’Ukraine. En mars 2022, à 17 ans, Anton Tverdokhliebov a dû quitter précipitamment sa ville, son pays, sa famille, sans savoir quand il pourrait revenir. Aujourd’hui réfugié à Vannes, en Bretagne, il est monté sur scène pour raconter son épopée lors de la première du Mediavivant, aux côtés de sa petite amie, Larisa, dont il tient la main en permanence, comme si à chaque instant, leur fuite devait recommencer…

Anton vivait chez sa grand-mère à Marioupol quand la Russie a attaqué l’Ukraine. Comme beaucoup de personnes âgées, cette dernière refuse de quitter sa maison, au péril de sa vie. Anton et Larisa, eux, tentent à tout prix de quitter le pays. Ils se cachent dans une maison abandonnée tout près du théâtre de la ville, un lieu stratégique, où le couple espère trouver une voiture pour quitter l’Ukraine. À 17 ans, Anton n’est pas obligé de combattre, mais n’est pas non plus prioritaire pour l’évacuation. «Personne n’a voulu nous prendre, les voitures étaient pleines de femmes avec enfants et de personnes âgées», raconte le jeune homme aux cheveux longs.

Fin de l’errance en Bretagne
 

Anton et Larisa survivent à base de pommes de terre qu’ils font cuire en brûlant ce qu’ils trouvent dans la maison qu’ils occupent. Le 16 mars, ils sont dans un bar, à 100 mètres du théâtre, quand ils entendent «les avions et… le bombardement a commencé». «Larisa s’est jetée à terre pour se protéger, moi, je suis resté debout et j’ai tout vu, j’ai vu des bombes tomber, et soudain, il n’y avait plus de théâtre», raconte Anton. À leurs côtés, un jeune garçon se met à hurler : «ma copine est dedans !». «Il a couru vers les ruines… nous nous sommes enfuis dans l’autre sens pour nous mettre à l’abri», témoigne Anton quelques mois plus tard. L’attaque du théâtre de Marioupol, qui a fait des centaines de morts (le bilan définitif n’est pas encore connu), a été qualifiée de «crime de guerre» par l’ONG Amnesty International.

Après ce drame, Larisa et Anton n’attendent plus une providentielle voiture qui ne vient jamais, ils quittent la ville à pied, et marchent 30 km pour rejoindre Manhouch. Un trajet éprouvant, lors duquel le couple croise des chars russes, et dans l’autre sens les combattants ukrainiens dans des voitures de civils. De Manhouch, ils paient un taxi qui les emmène à Berdiansk, un peu plus à l’Ouest. C’est dans cette ville qu’ils ont pu «rejoindre la colonne de la Croix-rouge, un immense convoi de 52 bus qui évacuait les réfugiés». Le 30 mars, ils arrivent enfin en France, où une famille les accueille à Vannes, en Bretagne. Anton, qui se destinait à devenir chauffeur routier, partage aujourd’hui un logement avec Larisa et prend des cours de français en espérant entrer à l’université et qui sait, étudier les sciences politiques. À Marioupol, sa grand-mère est toujours dans sa maison, «miraculeusement en vie», sans eau ni électricité, avec «toutes les fenêtres cassées alors qu’il fait -7 degrés la nuit». La maison de son arrière-grand-mère de 90 ans, elle, «n’a même plus de toit»… 

La rédaction


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