Santé

Florence Moureaux : « La thérapie psychédélique m’a aidée à vivre »

Atteinte d’un cancer incurable, la canadienne Florence Moureaux s’est investie pour faire connaître les thérapies psychédéliques.

5 Juin 2024
Atteinte d’un cancer incurable, la canadienne Florence Moureaux s'est investie pour faire connaître les thérapies psychédéliques. Graphisme : Eric C.
Atteinte d’un cancer incurable, la canadienne Florence Moureaux s'est investie pour faire connaître les thérapies psychédéliques. Graphisme : Eric C.

En 2016, à Montréal, Florence Moureaux est diagnostiquée avec un cancer du sein. L’arsenal médical déployé à l’époque lui permet de soigner sa maladie et d’entrer dans une phase de rémission. Cinq ans plus tard, à tout juste 61 ans, elle fait une grave rechute : le cancer est cette fois-ci arrivé au stade métastatique, il est donc incurable. Cette annonce la plonge dans un profond désarroi, une immense perte de sens : « J’avais l’impression que ma vie était terminée. […] Quand on reçoit un diagnostic pareil, même si on est bien entouré, on se sent complètement isolé, on a l’impression qu’on est seule à vivre ça. » Cette souffrance, communément appelée angoisse existentielle en fin de vie, est encore mal accompagnée par les services d’oncologie et de soins palliatifs. La psychothérapie que suivait Florence suite à son premier cancer ne parvenait pas à soulager cette détresse bien particulière, liée à une dimension spirituelle profonde. 

Quelques mois plus tard, Florence tombe sur un podcast de la radio canadienne CBC avec le témoignage d’un patient souffrant d’un grave cancer et ayant eu recours aux thérapies assistées à la psilocybine, le composé actif des champignons hallucinogènes. « Ce témoignage m’a paru extraordinaire, j’étais étonnée par la sérénité qui émanait de cette personne. » Rapidement, Florence contacte l’association Therapsil pour trouver des thérapeutes proposant ce type d’approche au Canada. En parallèle, elle accumule les lectures sur ce type de thérapie pour se préparer au mieux. Elle fera deux séances à la psilocybine à l’Hôpital général juif de Montréal, accompagnée par un psychiatre et une psychothérapeute. 

« 70% de bonheur et 30% de moments difficiles »

Florence avait déjà essayé le LSD dans sa jeunesse, dans un cadre récréatif. Cette expérience, qu’elle qualifie aujourd’hui de « bad trip », avait été très désagréable. Pour sa première séance avec la psilocybine en mai 2022, ses attentes étaient élevées et son appréhension très présente. « 70% de cette expérience était constituée d’anxiété. Bon, j’ai quand même eu des moments de bien-être assez extraordinaire, mais je restais rattachée à la sensation d’être face à un mur infranchissable, de ne jamais pouvoir aller plus loin ».  Suite à cette séance difficile, Florence fait plusieurs séances d’intégration qui se révèlent très utiles. En novembre 2022, elle décide de retenter l’expérience, cette fois-ci avec des attentes plus réalistes et un lien de confiance renforcé avec ses thérapeutes. « Ça a été l’inverse : 70% de bonheur et 30% de moments difficiles. Mais ces derniers ont été traités différemment parce que cette fois-ci, je parlais de ce que je ressentais alors que la dernière fois, j’étais restée un peu enfermée dans mon intériorité. »

Aujourd’hui, Florence estime que ces séances ont été plus que bénéfiques : « La thérapie psychédélique m’a aidée à vivre ». Plus sereine face à sa maladie, elle décide de s’investir dans sa communauté et rejoint l’association L’espoir, c’est la vie en novembre 2023 pour soutenir d’autres personnes atteintes de cancer. Pour diffuser l’information sur ce type de thérapie, elle participe à un reportage pour l’émission canadienne Découverte la même année. Enfin, elle espère pouvoir un jour avoir accès à une formation permettant d’accompagner des patients et patientes dans leur voyage psychédélique, encore uniquement réservée au personnel soignant. 

Mélissande Bry


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