Pollution

Linda Grassi, habitante de Fos-sur-mer : «pour la pollution, maintenant, on sait»

Atteinte par un cancer, Linda Grassi dénonce la pollution des usines du Golfe de Fos.

2 Fév 2023
Linda Grassi. Crédit : DR
Linda Grassi. Crédit : DR

Le golfe de Fos, ses plages, ses flamants roses et… ses usines. Linda Grassi y est née, et y a toujours vécu. La pétillante quadragénaire, qui travaille à la blanchisserie de l’hôpital de Martigues, n’a jamais quitté cette zone entre Méditerranée et étang de Berre – devenue dans les années 70 la plus importante zone industrialo-portuaire d’Europe – habitant tour à tour Martigues, Saint-Chamas, et Fos-sur-Mer.

À 39 ans, elle tombe malade : un cancer du sein. «Je n’étais pas préparée à ça», avoue-t-elle. Il n’y a pas d’antécédents dans sa famille. Elle se dit que «c’est la faute à pas de chance». Un médecin lui assure que son cancer est dû à «un cocktail de vie» : le stress, l’alimentation… Sans mentionner la pollution, à laquelle Linda comme tant d’autres est «habituée». Elle est présente dans son quotidien depuis toujours : les sirènes d’alarmes pour se préparer à évacuer en cas d’accident industriel, les enfants asthmatiques et diabétiques, les bruits des épisodes de «torche», la nuit, quand ça «dégaze». Mais contrairement à nombre de ses voisins, Linda n’a jamais eu «de mal à respirer».

Mais elle se souvient bien de cette nuit de «peur» en 1992 : la raffinerie de Total à La Mède explose, faisant 6 morts et des dizaines de blessés. Encore adolescente, elle voit son lit se déplacer, les vitres des magasins éclater, «il pleuvait de la laine de verre». «Tout ça, on fait avec, on fait confiance à l’État, on se dit quand même que s’il y avait quelque chose de grave, on nous le dirait…». 

Aimer les usines qui empoisonnent

Jusqu’au jour où elle tombe, en pleine chimiothérapie, sur un documentaire à la télévision :  «Fos-sur-mer : les révoltés de la pollution». En larmes, elle découvre l’histoire d’hommes et femmes à la vie brisée par la maladie. «Je me suis dit : ben voilà, je suis en train de suivre ce parcours», raconte-t-elle.

Depuis, Linda en est persuadée : c’est la pollution des usines qui l’entourent qui l’a rendue malade. Quatre ans plus tard, elle est en rémission, mais s’interroge «est-ce que je vais récidiver avec un autre cancer ? Je ne sais pas». Une chose est sûre : elle ne veut plus se taire, pour que les «choses changent, pour la génération d’après, pour nos enfants». Elle a engagé un combat judiciaire, comme tant d’autres riverains des industries. Une bataille qui lui vaut des «débats houleux» avec son fils et son mari, qui travaillent dans ces usines. «On les aime, nos raffineries, on ne veut pas tout raser et mettre tout le monde au chômage», assure-t-elle simplement, «on veut juste que l’État prenne en compte ce problème et que ce soit mieux réglementé». «À une époque, on a fait des erreurs, on ne savait pas, mais maintenant, on sait».
 

Linda Grassi a témoigné lors de l’enquête sur scène, «Golfe de Fos, les habitants se révoltent contre la pollution» du 11 janvier. 

La rédaction


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