Solidarité
Renée : « J’avais besoin de nourriture »
En pleine période d’inflation, Renée a dû s’inscrire aux Restos du Coeur.
De chez elle, « ça fait une trotte ». Trente minutes à pied chaque jeudi. Depuis trois semaines, Renée quitte son hébergement vers 13h et tire son caddie coloré, jusqu’au centre de Cluses, en Haute-Savoie. Dans une ruelle, derrière la place centrale, se trouvent les locaux des Restos du cœur. Avant chaque distribution alimentaire, le camion blanc, au logo rose de l’association, y décharge sa marchandise, les dons récupérés auprès des magasins.
L’inflation, « c’est affreux, même sur les pâtes ». Renée, 52 ans, est au RSA. Cette mère vit dans un logement temporaire géré par une association, avec son fils de 13 ans. Chaque mois, elle touche à peine 500 euros. Elle a dû se résigner : « l’assistante sociale m’a orientée vers les Restos du cœur. Mon fils, c’est un ado, il mange beaucoup. J’avais besoin de nourriture ». Jusqu’à présent, sa fille aînée, trentenaire, l’aidait à compléter, mais « elle n’y arrive plus » depuis un mois.
Avant, Renée travaillait dans l’emballage ou le tri, dans les usines environnantes de la Plastics Valley. Elle faisait du ménage parfois aussi. Aujourd’hui, elle est sans emploi et va être orientée vers un programme d’insertion professionnelle.
Et puis, les prix ont augmenté. « Au début, c’était le fromage, le brie ou l’emmental. Je mets plus de temps dans les magasins, pour regarder les prix. » Finis les achats secondaires. « Mon fils aimait une boisson bleue, énergisante. Elle est passée de 0,99 € à 1,26 € », s’étonne-t-elle. Les fruits et les légumes, elle n’en achète plus depuis trois mois. Finis aussi le Carrefour et le Lidl, « je ne vais plus qu’à l’association maintenant ».
+18% d’inscrits
Sauter le pas n’a pas été « difficile ». C’était une nécessité. « J’y vais pour mon fils », explique-t-elle. Renée fait partie des « nouvelles têtes », environ 120 nouvelles familles inscrites depuis le début de l’année. Avec 270 bénéficiaires en tout pour la période d’été, cela représente une hausse de 18% des inscriptions, selon l’antenne de Cluses. Mais la collecte de dons alimentaires est de plus en plus difficile auprès des magasins, en période d’inflation. Le nombre de caisses d’aliments récupérés a fortement diminué et fluctue. Il n’y a pas toujours de produits frais et la viande fait défaut.
Son téléphone sonne bruyamment. Ça aussi, c’est difficile à payer. « Le forfait est trop cher. On prend une Mobicarte à 20 € au bureau de tabac, à tour de rôle avec mon fils », poursuit-elle. Renée ne suit pas vraiment les annonces du gouvernement sur l’inflation. Elle a entendu parler du chèque énergie, mais elle n’a pas encore son propre logement. « Ce serait bien d’avoir des aides », souffle-t-elle. « Ça ne va pas s’améliorer »
Daphné Gastaldi