Le miracle des Minots

Roland Gransart, «le grand frère»

Catapulté entraîneur de l’OM à 27 ans, il finira écarté sans ménagement, malgré ses succès.

24 Mai 2023
Roland Gransart. Crédit : Mediavivant
Roland Gransart. Crédit : Mediavivant

Roland Gransart aime enchaîner les anecdotes. Il en a tant vu, ne peut pas tout dire parfois. Ses silences en disent long. Roland Gransart est fils de joueur, ancien joueur, entraîneur et directeur du centre de formation. Quand il raconte, ses yeux s’illuminent derrière ses lunettes rectangulaires. L’Olympique de Marseille, il est né dedans. 

À sa naissance en 1954, son père, Maurice, porte déjà le bleu et le blanc en étendard. Il grandit dans les vibrations enivrantes de l’OM. Dès son plus jeune âge, Il entre en minimes à l’OM. Il y gravit les échelons jusqu’à débuter en équipe première, à tout juste 21 ans. Au milieu des grands noms, les Trésor, Émon, Yazalde, il écrit sa propre histoire de joueur à Marseille…qui s’achève brutalement en 1980. 

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Pas de blessure physique mais un rejet profond de la saison qu’il vient de vivre, en 1979-1980, difficilement supportable. Cette saison s’est achevée par une descente en deuxième division et a été émaillée de mille petits dégoûts pour sa profession : des joueurs refusant de jouer au stade Vélodrome mais acceptant des matchs à l’extérieur, d’autres venant à l’entraînement avec un dictionnaire d’allemand en espérant un transfert outre-Rhin, des dirigeants aux abois car le club est aux bords de la relégation…C’est décidé, il ne veut plus être joueur professionnel. 

Il commence la saison 1980-1981 en tant qu’éducateur encadrant la jeune génération du centre de formation. Puis la liquidation judiciaire de l’OM tombe le 7 avril 1981. Il est appelé au chevet du club. À 27 ans seulement, Roland Gransart devient entraîneur et joueur pour six matchs. «C’était plus le grand frère qui nous guide pendant ces six matchs que l’entraîneur, explique José Anigo, défenseur des Minots. C’est l’année d’après qu’il va réellement devenir entraîneur.» Comme prime, à la signature, il demande un petit morceau de l’histoire olympienne : le grand bureau blanc de Louis-Bernard Dancausse, le président présent à l’époque de son père. Il l’obtient. 

S’ensuivent plus de trois saisons pendant lesquelles il va jouer les équilibristes, entre la nécessité de remonter le club en première division et la réalité économique du club ainsi que la tentative des dirigeants d’affaiblir l’équipe de jeunes des Minots. Il y arrivera, et sera récompensé par un licenciement en 1985. Hâtivement, sans ménagement, comme c’est la coutume à l’OM. Bastia, Gueugnon, Cannes, Martigues, il poursuit ailleurs sa carrière de coach. Ce n’est qu’en 2003 qu’il revient en tant qu’entraîneur de l’équipe réserve, à Marseille. De 2005 jusqu’à 2010, il prend la tête du centre de formation de l’OM.

S’il devait y avoir un conseil des sages à l’OM, il le présiderait. Cette histoire du club semble parfois reléguée aux oubliettes. “Il y a quelque temps, raconte Gransart, je suis parti acheter des maillots pour mes petits enfants à la boutique du club. Naïvement, je demande si je peux avoir une réduction et on m’a répondu : “qui vous êtes, vous ?” Rien, laissez tomber. C’est pas grave pour moi, ça l’est un peu plus pour le club.”

Mourad Aerts

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