Coulisses

Succès de la CMA CGM : «Il faut regarder ce qui se cache derrière».

La tour CMA CGM, fierté de la 3e compagnie maritime mondiale, se voit de loin à Marseille. Jean-François Poupelin a enquêté sur les conditions de travail au sein de cette multinationale.

9 Jan 2024
Jean-François Poupelin a rejoint récemment l'équipe de Mediavivant. Crédit: JB.Mouttet
Jean-François Poupelin a rejoint récemment l'équipe de Mediavivant. Crédit: JB.Mouttet

Le troisième armateur mondial est omniprésent à Marseille. Physiquement, son siège social entièrement vitré et haut de 147 mètres s’impose dans la zone d’affaires Euroméditerranée. Économiquement, avec ses 40 milliards d’euros de bénéfices nets sur les années 2021 et 2022, il est un poids lourd au niveau local et international.

Jean-François Poupelin a voulu découvrir ce qu’il se passe dans les bureaux vitrés. Il est « le premier employeur privé de Marseille, un des premiers des Bouches-du-Rhône avec Airbus Helicopters », rappelle Jean-François Poupelin, nouveau membre de la rédaction de Mediavivant. Près de 3 000 personnes sont salariés rien qu’à la tour CMA CGM ; le double est employé dans la ville.

Cette influence est aussi politique. «  Le dirigeant du groupe, Rodolphe Saadé rencontre Emmanuel Macron, des ministres (…). Il connaît une partie des élus marseillais. Il était au collège privé de Provence avec Yves Moraine, ancien adjoint de Jean-Claude Gaudin et vice-président du conseil départemental », énumère-t-il. Sa fondation est un autre levier pour étendre son pouvoir. Elle est un recours pour la mairie. Elle a ainsi participé aux financements de piscines mobiles cet été, d’un « city stade » au pied de la cathédrale de la Major.

La CMA-CGM débarque aussi dans le monde médiatique avec le rachat de La Provence en 2022, puis du journal économique numérique, La Tribune.

Un management brutal

Le journaliste regrette, malgré la médiatisation de l’entreprise, le manque « de regards critiques ». Pour lui, il est temps de  « regarder ce qui se cache derrière cette magnifique réussite industrielle ». Rapidement, il a « des retours » sur les questions de management et souhaite creuser. « Le transport maritime fonctionne avec une forte pression sur les salariés. Dans l’histoire du commerce maritime, la question des marins et des employés est au cœur du modèle économique. Il n’est pas étonnant de retrouver cette logique au sein de la tour CMA-CGM » , explique t-il. « Il y a une tradition de management brutal. Le père, Jacques Saadé, était surnommé « Dieu le père », non sans raison. »

Jean-François Poupelin cherche alors à entrer en contact avec les salariés pour récolter leurs témoignages. Pas simple. La peur règne. Il écume les réseaux sociaux, multiplie les entretiens parfois infructueux. Des témoins se rétractent. Ceux qui ont accepté malgré les risques, lèvent le voile sur le fonctionnement de la tour.

Le journaliste est un habitué du travail laborieux de l’enquête. Il a été 17 ans journaliste au Ravi, le mensuel qui alliait satire et investigation, disparu en septembre 2022. Il rejoint l’équipe de Mediavivant à la rentrée où il coordonne les projets d’éducation populaire à l’information. En revanche, il s’essaye pour la première fois à la scène. «  Ce qui change, c’est que quand une enquête est bouclée, ce n’est absolument pas fini. Il y a encore tout un travail de mise en scène », dit-il. Il change le ton de son écriture, aussi : « On m’a de temps en temps dit que l’on n’était plus au Ravi et que mes blagues n’avaient pas leur place », s’amuse t-il sourire en coin.

Jean-Baptiste Mouttet

L’enquête sur scène «À Marseille, la tour infernale de la CMA CGM» se déroule, jeudi 11 janvier à partir de 19h00 à La Fabulerie


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