Guerre en Ukraine

Arsène Sabanieev, médecin en Ukraine : « au front, on n’est pas triste »  

Arsène Sabanieev, médecin à Lille, a mis ses compétences médicales au service du pays de ses parents en guerre, l’Ukraine.

13 Avr 2023
Arsène Sabanieev, médecin en Ukraine
Arsène Sabanieev, médecin en Ukraine

Arsène Sabanieev a « beaucoup changé » en un an, constate-t-il. Ce médecin anesthésiste  jusqu’ici en poste à Lille est aussi maintenant « un militaire comme un autre », même s’il n’en a pas le statut. « On adopte tous les réflexes : je dois prendre des décisions très rapidement…», confie le jeune homme au visage encore enfantin. 

Il a mis ses compétences médicales au service du pays de ses parents, comme volontaire au sein de l’armée ukrainienne. « Il n’y avait pas d’autre choix possible », assure ce trentenaire arrivé en France à l’âge de 10 ans. 

Arsène avait déjà multiplié les allers-retours en Ukraine depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, pour « apporter des médicaments, équiper les soldats », mais en avril 2022, quand il rejoint la ligne de front, il découvre une réalité « totalement différente, c’est la vraie guerre ». 

Une réalité qui selon lui a surpris beaucoup des volontaires enrôlés aux côtés des Ukrainiens : « la grande majorité a renoncé ou n’a jamais passé la frontière ». Lui-même, malgré sa bonne connaissance de la langue, du pays et même ses amis dans l’armée, ne savait pas trop ce qu’il faisait au début : « c’était chaotique, du coup, j’apportais surtout une aide logistique ». 

« Personne ne comprend ce qu’est la guerre »

Il part finalement avec une unité paramilitaire qui fait du soutien aux troupes combattant dans le Donbass. Sa mission ? « Entraîner les hommes aux premiers soins sur la ligne de front, mais aussi ramener les blessés sur un poste médical avancé, puis vers un hôpital ». Il l’assure, « rien de bien différent de ce que je fais à Lille, le métier est le même, mais on travaille sous les bombardements, avec un risque d’infection permanent…»

Le plus difficile pour Arsène, ce sont les allers-retours en France, où selon lui « personne ne comprend ce qu’est la guerre ». « Au front, on n’est pas triste : on a la ferveur, on y croit », martèle-t-il. Avant d’asséner : « les morts, on les pleurera après la victoire ». Pourtant, sur son compte Instagram en septembre, il écrit : « L’unité d’élite avec qui j’ai travaillé a perdu près de 15% de ses effectifs en trois jours pour réussir la percée. Malgré le message de remerciement adressé par le président Zelensky à leur égard, cela ne change en rien à la tragédie de ce massacre victorieux ».

Dans un mois, Arsène deviendra papa d’une petite fille, ce qui l’oblige à rester à Lille pour le moment. Mais ce combattant compte en profiter pour faire sa part « dans le champ de la guerre informationnelle, en écrivant un livre ».

La rédaction


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