« Guet-apens »

Frédéric : « Cette personne m’a séduite, avant de me massacrer »

En 2019, Frédéric a été victime d’un guet-apens homophobe à Paris. Il témoigne dans le documentaire « Guet-apens, des crimes invisibles » de Mediapart, ainsi que pour Mediavivant.

22 Juin 2023
Frédéric raconte le guet-apens homophobe qu'il a vécu en 2019. Crédit: Mediavivant
Frédéric raconte le guet-apens homophobe qu'il a vécu en 2019. Crédit: Mediavivant

Sur scène à Mediavivant, Frédéric se montre solide, combatif, lorsqu’il raconte son histoire traumatique. En coulisses, la fébrilité est plus forte. Il lui a fallu des années pour se reconstruire. Pour retrouver un tant soit peu confiance en lui et témoigner à visage découvert. En août 2019, il a été victime d’une agression homophobe préméditée, près de la bibliothèque du palais du Louvre, à Paris. Historiquement, le jardin des Tuileries est un lieu de rencontres LGBT+. «Cette personne m’a séduite, avant de me massacrer», témoigne-t-il ce 14 juin à Mediavivant. Une pluie de coups de poing sur la tête, un étranglement. Il finit par perdre connaissance.

Frédéric fait partie des victimes de pièges homophobes qui ont accepté de raconter les ressorts de ces attaques dans le documentaire “Guet-apens, des crimes invisibles”, réalisé par notre partenaire Mediapart.

«J’ai porté plainte pour ne pas leur laisser la victoire»

Après l’agression, ce Parisien s’est «recroquevillé» chez lui. «J’ai coupé les ponts avec ma famille car je ne voulais pas raconter les détails de ce qui était arrivé». Aujourd’hui, il tient le coup et travaille dans la communication à Paris. «Il y a un travail psychologique important qui doit être mené, raconte-t-il.  Il y a les amis, les proches qui aident à surmonter le problème». 

Devant les policiers, il lui reste encore prouver que c’est un acte à caractère homophobe et non un fait divers qui sera rangé dans la case «motif crapuleux» au commissariat. Car, en plus de l’agression physique, les auteurs l’ont dépouillé de son portefeuille et utilisé sa carte bleue pour quelques dizaines d’euros de dépenses.

En août 2019, il se rend au commissariat du Marais «J’ai porté plainte pour ne pas leur laisser la victoire, pour lutter contre le système qui n’aide pas», lâche-t-il en plus petit comité, lors du débat de Mediavivant. Il doit mener l’enquête de son côté et récupérer les images des caméras de sécurité auprès du service de sécurité du Louvre. Sans parler de la lourdeur de la justice. Frédéric sera confronté à ses agresseurs, quelques jours après sa plainte, au commissariat. «Ils rigolaient», se souvient-il. Lui était prostré. Frédéric s’est retrouvé dans la même pièce que son principal agresseur, celui qui a servi d’appât. «J’avais peur». Relâchés après leur garde à vue, les trois mis en cause ne se présenteront pas au tribunal. Le procès se fera sans eux. S’ils ont été condamnés à plusieurs mois de prison, la circonstance aggravante d’homophobie n’est pas retenue. De quoi laisser un goût amer à Frédéric face à une enquête qu’il juge «bâclée». «Les victimes sont doublement victimes», souffle-t-il.

Ce guet-apens continue de le hanter. Aujourd’hui, par son témoignage, il contribue à porter la voix de plus de 300 victimes de pièges homophobes recensées par Mediapart ces cinq dernières années. «On a du mal à se réparer, nous raconte-t-il. On traîne plein de séquelles dans nos vies».

Daphné Gastaldi, avec Mediapart


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