Marseille en manque de salle de shoot

Sophie M. : « Quand tu es en foyer, tout le monde en prend »

Avant de monter sur scène pour témoigner, Sophie nous a raconté son parcours. Comment elle est devenue toxicodépendante et milite pour une salle de shoot à Marseille.

19 Avr 2023
Sophie, toxicomane et militante pour une salle de shoot à Marseille. Avril 2023. Crédit: Genevieve Mitry
Sophie, toxicomane et militante pour une salle de shoot à Marseille. Avril 2023. Crédit: Genevieve Mitry

La première fois qu’elle a consommé de la drogue, Sophie avait 16 ans, c’était avec sa mère. Cette dernière lui a proposé de jouer aux cartes. «Le gage était de taper un truc, si on perdait». Aujourd’hui âgée de 37 ans, elle raconte n’être jamais parvenue à s’en sortir complètement «Quand je me suis émancipée de ma famille, j’étais avec des gars pareils (…). Dans la rue, quand tu es en foyer, tout le monde prend. Même quand on veut se poser, on ne peut pas». Accueillie dans une maison d’accueil pour femmes victimes de violence, elle tente d’arrêter mais c’est parfois «difficile de dire non».

Cachée dans un ample sweat à capuche noir, Sophie donne de la voix sur scène, provoque les rires du public. Mais quand les questions sont personnelles, elle hésite, le trouble revient. Mère de deux enfants, de 19 et 11 ans, elle ne supporte pas de voir des seringues traîner par terre dans la rue. Elle dit avoir pris «de tout», «héro, coke, amphétamine, ecstasy, LSD…», mais elle consomme en cachette, dans les toilettes des bars ou des hôpitaux. «Je ne suis pas fière de ce que je fais».

Elle tient à ne pas noircir le tableau et ne se plaint pas. Elle raconte, en souriant, les «teufs» dans la Montagne Noire (sud-ouest du Massif central), de «belles rencontres».

Originaire de Limoges, elle a mis cap sur le sud en s’arrêtant dans de nombreuses villes : Poitiers, Moulins, Béziers, Castres, Montpellier. Il y a huit ans, elle s’est arrêtée à Marseille. Aujourd’hui, elle «n’a plus envie de bouger», pour «le social, le soleil, surtout le soleil ».

Celle qui a été saisonnière, palefrenière, guide de tourisme équestre envisage à nouveau de travailler avec les chevaux. «Mais pas avec les bourgeois. Moi c’est surtout le cheval passion.».

Sophie a déjà eu des abcès à cause de sa consommation de drogue. Aujourd’hui, elle milite pour l’ouverture d’une salle de shoot pour ne plus se cacher, éviter des infections…  Pour elle, l’ouverture de ce lieu d’accueil signifie aussi protéger ses enfants de ce monde-là.

Jean-Baptiste Mouttet


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