Trafic de drogue

Zyed, sous l’emprise des trafiquants

Endetté, Zyed a quitté la région parisienne pour travailler pour les réseaux marseillais. Le trafic de drogue l’emprisonne peu à peu.

21 Nov 2023

Comment expliquer la présence de Zyed sur l’un des points de deal marseillais ? Il n’est pas un jeune homme en rupture de ban, il ne correspond pas au profil attendu des « djobeurs ». 

Avant de rejoindre Marseille, il est certes sans activité. Mais c’est un jeune homme intelligent, avec du potentiel et l’envie de faire quelque chose de ses vingt ans. En attendant, sa mère, Nacera, qui travaille dans un salon de coiffure, lui laisse tous les jours vingt euros d’argent de poche. Elle cherche parallèlement une solution durable pour qu’il trouve un travail. 

Après discussion avec ses parents, Zyed opte pour une formation comme agent de sécurité. Nacera lui paye. Elle débourse 2 000 euros. Zyed s’y rend quelques jours avant d’expliquer à sa mère qu’il n’a plus envie, qu’il a changé d’avis. Son excuse : « Il n’y a que des vieux. »  En réalité, Zyed a déjà en tête l’idée d’aller “djober” à Marseille. 

Voir aussi : Les « djobeurs », ces petites mains des réseaux.

Alors quelques jours plus tard, il leur explique qu’il a trouvé un travail chez ADP (Aéroport de Paris). Tous les jours, il quitte le foyer vers 8 heures pour se rendre à Roissy-Charles de Gaulle. Il rentre en fin de journée. Au bout de quelques jours, il leur précise que ADP cherche des recrues pour aller travailler à l’aéroport de Marseille. Sa mère estime que ce n’est pas une bonne idée, qu’il ne connaît personne dans la seconde ville de France. Zyed ajoute qu’ils « payent même l’hôtel. » 

Mensonges et tentations

Il n’a en fait jamais mis les pieds à l’aéroport Paris Charles de Gaulle. Il a juste mis en scène son départ pour Marseille. Ce qu’il fera quelques jours plus tard. Sur place, il est d’abord guetteur sur un point de deal et puis vendeur. Il est rapidement arrêté. Après sa première condamnation et sa sortie du tribunal sans mandat de dépôt, il est retourné travailler pour le réseau de trafiquants. 

Avec son ami Mohamed, il se sont fait interpellés une nouvelle fois, quelques jours plus tard, alors qu’ils transportaient 300 grammes de cannabis vers la cité des Micocouliers. Jugés en comparution immédiate, ils ont eu la chance de ne pas être incarcérés, malgré la récidive. 

Dans les jours qui suivent, Nacera qui n’a aucune nouvelle de son fils, parvient à le joindre par message sur WhatsApp. Zyed lui prétend qu’il est dans le département de l’Oise, qu’il effectue une peine de travaux d’intérêt général. Il n’a pourtant pas été condamné à cette peine par le tribunal de Marseille. 

Finalement, après quelques jours d’errance, Zyed rentre chez ses parents. Pour l’éloigner de la tentation, sa mère et son père l’ont emmené au Maroc pendant tout l’été. 

Joachim Barbier

Découvrir l’enquête en intégralité : Les « djobeurs », ces petites mains des réseaux.


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