Marseille en manque de salle de shoot

Partie 1 : Quand la drogue tue en silence

Les salles de consommation ne sont pas légales en France. Des usagers de drogues sont montés sur scène pour raconter leur quotidien et la nécessité d’ouvrir ces lieux d’accueil à Marseille.

Publié le 19 Avr 2023

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Dernière mise à jour le  20 Juin 2023  à  17h08.

«Pourquoi à Paris et ici ça marche pas», s’énerve, sur scène, Sonia K., consommatrice. En 2019, le projet d’ouvrir une salle de «shoot» avait failli aboutir sous la mandature de Jean-Claude Gaudin (Les Républicains). Ce projet figure au programme électoral de l’actuelle mairie de gauche, élue en 2020. Pourtant, il n’y a, pour le moment, aucune avancée.

Le quotidien des usagers de drogue, les risques pris sont passés sous silence. Comme le rappelle la journaliste de Marsactu Violette Artaud, «663 personnes ont perdu la vie, en France, suite à une overdose». Un chiffre en-deçà de la réalité. Les décès par overdose sont mal répertoriés. «Certains décès par surdose peuvent également être classés en “cause inconnue ou mal connue”», selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives.

Sophie M., Sonia K., Lola P., racontent leurs expériences: prendre de la drogue dans les toilettes des bars, pas toujours propres, dans la rue, sur les parkings, se servir de matériels déjà usagés. «S’injecter dans des endroits sales, ne pas avoir nettoyé l’endroit, ses mains, utiliser les mêmes seringues, ce sont des bactéries ou des champignons que l’on s’injecte», explique Lola P. Abcès, nécroses peuvent se développer sans parler des maladies transmissibles comme l’hépatite C ou le VIH.

Dans les salles de shoot, l’usager peut bénéficier de matériel stérile, comme une seringue, du gel hydroalcoolique… Il est accompagné par des travailleurs sociaux, des médiateurs, des agents de sécurité, des infirmières, ou encore des médecins. Autant de moyens de limiter les risques liés à la prise de drogue.

Les témoignages sont durs. Sur un ton désinvolte, elles détaillent des tranches de vies ignorées. «La lune de miel», les rencontres, la descente, jusqu’à la prostitution, l’envie de s’en sortir, la tentation… Par leurs paroles, le public comprend que la salle de consommation offre, pour elles, bien plus qu’un lieu sécurisé. Elle apporte de la considération et de la dignité. ‍L’ouverture de salle de shoot à Marseille est une question politique. C’est à découvrir lors de la publication de la seconde partie, le 26 avril, «L’accueil des usagers de drogue: un bras de fer politique».

L’équipe de Mediavivant


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