Trafic de drogue
Les techniques de la police contre le trafic de stupéfiants
À Marseille, les journalistes Chloé Triomphe et Joachim Barbier ont suivi la police sur le terrain pour découvrir leur stratégie de lutte contre le trafic de drogue.
La préfecture de police des Bouches-du-Rhône revendique une politique de présence policière continue dans les cités, visible et régulière, qui s’articule de différentes manières. La plus visible, la plus « spectaculaire », consiste en un travail dit « de pilonnage » des points de deal de la cité phocéenne. Deux compagnies de CRS sont disponibles en permanence, ainsi qu’une toute nouvelle entité à Marseille, conçue sur le modèle de la CRS8, une unité de CRS spécialement formée aux milieux urbains difficiles et envoyée plusieurs fois en renfort cette année. Des compagnies désormais « scindables » en petites unités qui permettent une démultiplication des opérations.
Selon Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, ces effectifs cumulés permettent de monter jusqu’à 20 opérations par jour : des opérations de quelques heures, dont l’objectif assumé est de déstabiliser un point de deal, en interrompant le circuit de la vente, en l’asséchant en quelque sorte. Un démantèlement certes temporaire. Quand il s’agit de réseaux puissants, il ne lui faut que quelques heures pour le remettre en route avec de nouveaux guetteurs, vendeurs, ravitailleurs et gérants.
Exception notable : la cité de la Paternelle dans le 14ème arrondissement, où les quatre points de deal sont quasiment à l’arrêt depuis que cette cité, au cœur d’un conflit qui ensanglante la ville ces derniers mois, a fait l’objet d’une attention toute particulière des autorités.
En deux ans, la préfecture de police affirme avoir démantelé de manière définitive environ 70 points de deal.
En complémentarité avec cette présence des CRS, la police patrouille aussi tous les jours dans les cités, notamment avec les équipages des BAC ( Brigade anti-criminalité) et des BST ( Brigade spécialisée de terrain), qui sillonnent les points de deal, contrôlent, fouillent et interpellent.
Les jeunes « djobeurs » sont aux avant-postes des points de deal, et par conséquent, en sont les premiers impactés : ceux qui sont interpellés sont placés en garde à vue, déférés devant un magistrat, puis jugés.
Depuis le début de l’année 2023, 1 850 interpellations ont été menées, soit 7% de plus qu’en 2021. A cela s’ajoutent 1 000 armes saisies dont 78 armes de guerre, soit 20% de plus que l’an dernier. Sans oublier les consommateurs : depuis juillet 2020, ils ont reçu 48 000 amendes forfaitaires sur l’ensemble du département, selon les informations données mi-novembre par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône.
Les « gros bonnets », eux souvent à l’étranger, ne sont pas pour autant à l’abri mais ne font pas l’objet du même type d’action de la police : c’est en effet à la police judiciaire que revient cette responsabilité, avec d’autres moyens d’enquête, plus longue, plus complexe et plus technique.
Chloé Triomphe