Petite enfance
Qui pour contrôler les crèches ?
Alors que le gouvernement prône « une culture du contrôle », les professionnels chargés d’inspecter les crèches ne sont pas assez nombreux.
« Instaurer une culture du contrôle ». C’est le mot d’ordre du gouvernement depuis qu’a éclaté le scandale des crèches privées en 2022. Les préfets ont été sollicités pour les renforcer. Mais au quotidien, tous les départements ne sont pas en mesure de le faire comme il se doit. Un quart des départements n’a même pas une personne à temps plein pour ces inspections, au sein de la Protection maternelle et infantile (PMI).
En 2019, dans un rapport alarmant intitulé « Pour sauver la PMI, agissons maintenant ! », on découvre que la PMI est en souffrance. « Sans un réinvestissement fort par les pouvoirs publics, la PMI sera en voie d’extinction dans la moitié des départements d’ici à dix ans », peut-on y lire. « Il nous manque de la ressource humaine. Les médecins de PMI gagnent « peanuts ». La PMI, c’est le parent pauvre », résume Michèle Peyron, la députée Renaissance en charge de ce rapport. C’est un des points qui doit être pris en compte pour « revoir le système des crèches », comme abordé dans l’enquête sur scène de Mediavivant.
La PMI emploie notamment des médecins, des infirmiers ou des auxiliaires de puériculture. Dans leur « mission crèche », les professionnels de la PMI sont chargés de valider une ouverture de crèches, d’inspecter et de vérifier le personnel par exemple. Mais toutes les crèches ne sont pas contrôlées régulièrement. Des établissements s’étonnent de n’avoir vu personne plusieurs années durant, après leur ouverture. Quand il y a des contrôles, les crèches sont prévenues la plupart du temps. Ce qui laisse le temps de se préparer. Les contrôles inopinés se font le plus souvent après un signalement, de parents ou de salariées par exemple.
Les inspecteurs ont une grille de vérification à suivre sur des points techniques concernant la sécurité du bâtiment pour les bébés, l’hygiène ou l’aménagement. Difficile de constater des cas de maltraitances, des rationnements ou de mauvaises conditions de travail en restant quelques heures à peine sur place. S’il y a des manquements, le médecin directeur de la PMI peut émettre des injonctions, avec un calendrier pour que la crèche se mette aux normes. La fermeture d’une crèche peut être prononcée mais cela reste rare.
Ces rapports d’inspection de la PMI sont difficilement accessibles aux professionnels ou aux parents. Durant cette enquête pour le livre « Le prix du berceau » et pour Mediavivant, nous avons essayé d’obtenir ces documents dans une cinquantaine de départements, parfois suite à des fermetures de crèches médiatisées par les préfectures elles-mêmes. Cela nous a été refusé la plupart du temps, pour ne pas « porter préjudice aux établissements ».
Daphné Gastaldi