Marseille en manque de salle de shoot
Nouveau coup d’arrêt pour la salle de «shoot»
Le projet s’enlise depuis des années, l’ouverture d’une salle de consommation encadrée de drogue ou Halte soins addictions (HSA) est une nouvelle fois suspendue à Marseille. La Provence rapporte que l’État a émis un avis défavorable à la localisation de la salle au 110 boulevard de la Libération, lors d’un comité de pilotage mercredi soir. Sabrina Agresti-Roubache, la députée de la première circonscription des Bouches-du-Rhône qui a suivi le dossier en tant que secrétaire d’état à la Ville, n’est cependant pas opposée à l’implantation d’un tel dispositif.
Le HSA avait provoqué de vives protestations et des riverains avaient manifesté contre son implantation dans «un quartier familial ». Parmi leurs arguments, ils soulignaient le nombre d’écoles à proximité du boulevard Longchamp. Dans notre enquête sur scène avec Marsactu « Quand la ville ignore ses toxicomanes », la journaliste Violette Artaud racontait en avril dernier, pourquoi ce lieu d’accueil mettait tant de temps à se concrétiser à Marseille. Il existe déjà ces lieux d’accueil à Paris, Strasbourg ou depuis 22 ans à Genève.
Ce projet est porté par l’association Asud. Le directeur, Stéphane Akoka expliquait alors que la mairie était en train de « se donner les moyens d’avancer.» Le dispositif est selon lui une question de « dignité » : «Quand les gens consomment dans des conditions dégradantes, cela dégrade aussi l’image qu’ils ont d’eux-mêmes.»
Des consommateurs avaient eu le courage de témoigner des risques sanitaires face au public. Sophie M. a eu des abcès à cause de sa consommation de drogue. Elle milite pour l’ouverture d’un lieu où sa santé serait moins menacée. C’est un moyen de protéger ses propres enfants en leur évitant les contacts directs avec l’usage de drogue. Un discours qui tranche avec les slogans des opposants comme «Pas de crack à la cantine».
Jean-Baptiste Mouttet