Habitat indigne

L’engagement de Liliana Lalonde, mère d’une victime des effondrements de la rue d’Aubagne

Après avoir perdu son fils dans l’effondrement d’immeubles à Marseille en 2018, Liliana Lalonde lutte contre l’habitat indigne.

10 Nov 2022
L’engagement de Liliana Lalonde, mère d’une victime des effondrements de la rue d’Aubagne. Crédit : Mediavivant
L’engagement de Liliana Lalonde, mère d’une victime des effondrements de la rue d’Aubagne. Crédit : Mediavivant

Le 5 novembre 2018, son fils Julien, qui venait de fêter ses 30 ans, était emporté, comme sept autres personnes, dans l’effondrement de deux immeubles à Marseille. Liliana Lalonde, Franco-Péruvienne, avait laissé Julien quelques jours plus tôt seulement, et était à Lima, de l’autre côté du globe, lorsque la nouvelle est tombée. Un «choc», «une souffrance terrible, au plus profond d’[elle]-même», qui la poursuit encore aujourd’hui. Mais dès les jours qui ont suivi, Liliana a choisi de s’engager contre le logement indigne, durablement. «Moi j’essaie d’élargir ce malheur qui m’est arrivé et de le transformer en bonheur, pour quelques-uns déjà», résume-t-elle simplement.

Co-présidente de l’association “Noailles debout”, qui milite pour un réaménagement de ce quartier populaire trop longtemps délaissé par les pouvoirs publics, Liliana Lalonde s’engage pour «que personne ne revive un drame pareil, qu’aucune famille ne souffre plus comme ça». C’est pour cette raison que chaque 5 novembre, elle revient à Marseille pour participer aux commémorations. «À cause du Covid dans le passé je n’ai pas pu voyager jusqu’en France et j’en étais très triste», confie-t-elle. Le voyage la ramène toujours à sa douleur, mais «il est indispensable».

«Je ne peux pas dire “cette ville a tué mon fils”»

Les premiers jours après la mort de Julien, Liliana se rappelle avoir «parlé à des personnes que je ne connaissais pas, des journalistes notamment, répétant sans cesse la même chose, et chaque fois c’est comme mettre des clous dans la plaie…». Mais avec le temps, affirme-t-elle, «j’ai mûri dans ma douleur, mon deuil et dans la réponse que je peux donner aux autres». Ces derniers jours à Marseille, la sexagénaire a participé à de nombreuses réunions avec la mairie notamment, et a noté avec soulagement «une évolution du côté des délogés, qui petit à petit retrouvent tous un logement, mais aussi plus généralement à propos des projets de logements dans la ville».

Le quartier de Noailles lui tient particulièrement à cœur, car c’est un quartier que son fils «adorait» : «je ne peux pas dire “cette ville a tué mon fils”, non, s’il était là c’est qu’il aimait cette ville, ce quartier qu’il trouvait si vivant». Juste avant le drame, Liliana avait vécu avec Julien «des moments de grand bonheur» rue d’Aubagne en préparant son trentième anniversaire, «on allait de boutique en boutique, il m’avait présentée à tous les commerçants». Avant la tragédie qui a endeuillé huit familles et résonné pendant des mois dans toute la ville, saisie par une véritable psychose et théâtre de centaines d’évacuations d’immeubles «en péril», Liliana n’était «pas endormie», assure-t-elle, «je n’étais pas une militante au quotidien, je faisais humainement ce que je pouvais pour les autres». «Mais depuis le 5 novembre 2018, je suis passée sur la scène, comme au théâtre, ça m’a obligée à passer au premier plan». 

La rédaction


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